Le modèle universitaire américain dans lequel une bonne partie de l'opinion
publique européenne place sa foi, est menacé d'essoufflement. Basé sur la
reconnaissance de l'argent comme seule valeur universitaire ou presque , ce
modèle ne donne satisfaction ni en termes de "productivité de la recherche"
ni en termes d'éducation des populations qui le subissent. En panne de
créativité, ce système tend à se contenter des apparences de la créativité.



De plus, la volonté manageriale de gérer les universités comme des
entreprises, en installant partout la compétition et en accentuant
l'importance du "leadership", introduit progressivement dans le monde
universitaire les germes du découragement et de la souffrance au travail que
l'on connaît depuis longtemps dans l'entreprise neo-libérale.



Sans vouloir en aucune manière revenir vers des modèles universitaires du
passé, dépassés pour l'essentiel, il faudra bien poser les vraies questions
qui se présentent lorsqu'on espère donner davantage d'efficacité sociale à
l'institution universitaire de demain. Il s'agira notamment de replacer en
son centre l'activité de pensée qui finit par y manquer cruellement
aujourd'hui, dans un monde où l'action est presque toujours privilégiée.



Conférencier: Libero Zuppiroli, professeur à l'EPFL et auteur de "La bulle
universitaire".


[Invité par Profs. Dionys Baeriswyl et Jean-Pierre Gabriel]