Notre cerveau est-il sexiste ?

Notre cerveau est-il sexiste ?

Comment le cerveau traite-t-il le masculin et le féminin dans le langage? Pascal Gygax, co-directeur de l’équipe de psycholinguistique et psychologie sociale appliquée, répond à cette question à l’occasion de la Journée du cerveau.

Pourquoi le cerveau rechigne-t-il à comprendre que «les musiciens» peut aussi se référer à des femmes?
La forme grammaticale masculine possède deux sens. Un premier dit «spécifique» (masculin=homme) et un deuxième dit «générique» (masculin=homme et femme). Le cerveau doit donc résoudre cette ambiguïté à chaque fois qu’il rencontre une forme grammaticale masculine. Le sens spécifique est le premier que nous apprenons et celui que nous utilisons le plus fréquemment (par exemple, regarde ce musicien). Le cerveau peine donc à le mettre de côté au profit du sens générique.

Peut-on le prouver?
Oui. De manière générale – et c’est là que le temps de décision devient important – nous pouvons montrer que le cerveau peine à comprendre le masculin comme générique. Par exemple, après la phrase «les musiciens sortirent de la salle»,  nous prenons plus de temps pour traiter la proposition «une des femmes portait un parapluie» que «un des hommes portait un parapluie».

Peut-on entraîner le cerveau à comprendre que le masculin peut être utilisé de manière générique?
C’est vraiment très difficile. Nous avons essayé de nombreuses méthodes. Il est clair que dire simplement  que la forme masculine est utilisée comme générique ne suffit pas, par exemple. Par contre, en étant plus fréquemment exposé à des associations «masculin=femmes», notre cerveau peut s’y habituer et devenir plus réceptif à ce genre d’associations. Notez néanmoins que nous n’avons jamais réussi à créer une condition où le sens spécifique du masculin ne dominait pas nos représentations mentales.

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Pascal Gygax présentera une conférence intitulée «Prendre une décision rapidement: lorsque le temps compte!» dans le cadre de la Semaine du cerveau.
> Mercredi 16 mars à 20h00, Grand auditoire de l’Institut de physiologie, Ch. du Musée 5, 1700 Fribourg

Author

Exerce d’abord sa plume sur des pages culturelles et pédagogiques, puis revient à l’Unifr où elle avait déjà obtenu son Master en lettres. Rédactrice en chef d’Alma & Georges, elle profite de ses heures de travail pour pratiquer trois de ses marottes: écrire, rencontrer des passionnés et partager leurs histoires.

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