Comment allez-vous aujourd’hui?

Comment allez-vous aujourd’hui?

Le stress peut être un fléau au quotidien. Et les étudiant·e·s sont particulièrement touché·e·s. Le premier geste consiste à prendre une pause et de réellement se demander comment on se sent aujourd’hui, nous explique Romina Rebacarren de l’équipe de psychologie clinique et de la santé. Et pour celles et ceux qui cherchent des outils, un atelier sera proposé dès la rentrée de printemps.

Les étudiant·e·s sont-ils stressé·e·s?
Beaucoup d’étudiant·e·s le sont. Le stress peut être défini comme une réponse d’adaptation de tout l’organisme à une perturbation de l’équilibre. En fait, on parle de stress quand une personne estime que les «exigences» ou les demandes (internes ou externes) dépassent les ressources (internes ou externes) dont elle dispose.

Face à une telle situation, nous pouvons réagir différemment, selon le moment où elle se présente, les circonstances ou nos caractéristiques personnelles. Ainsi, une même situation peut être évaluée comme positive, neutre ou stressante. Par exemple, une présentation orale peut être perçue comme un défi motivant, car source d’apprentissage. Mais elle peut aussi ne rien déclencher de particulier ou se révéler une source d’anxiété ou d’angoisse.

Nous parlons de stress psychologique quand les personnes sentent qu’elles ne disposent pas des ressources nécessaires pour faire face à la situation et se sentent dépassées par les événements. Pour cette raison, certain·e·s étudiant·e·s parviennent à gérer les moments stressants de leurs études universitaires pendant de nombreuses années, tandis que d’autres les vivent très mal et ont constamment le sentiment d’être débordé·e·s.

Est-ce une spécificité du monde universitaire?
Plusieurs études, réalisées sur différents continents, démontrent que les étudiant·e·s universitaires signalent des niveaux de stress psychologique plus élevés que leurs pairs du même âge dans la population générale. Cela touche, en particulier, les étudiant·e·s de première année, les plus jeunes, ainsi que celles et ceux qui travaillent en parallèle pour financer leurs études. De plus, certaines périodes de la vie étudiante sont plus stressantes que d’autres, comme celles des révisions, des examens ou de la fin des études.

Des recherches menées en Australie, aux États-Unis et dans divers pays européens démontrent également que le stress peut avoir – mais, attention, que ce n’est pas toujours le cas –  des conséquences sur le rendement académique des étudiant·e·s, leur qualité de vie, ainsi que sur leur bien-être psychique et physique. Des difficultés d’attention et de concentration peuvent apparaître, entraînant une chute es résultats académiques. En outre, pour contrer la déprime et l’anxiété,  ils peuvent être tentés de recourir à des substances addictives, telles que la cigarette, l’alcool ou les drogues, ou, parfois, développer des idées suicidaires. En outre, les étudiant·e·s peuvent manifester des tensions musculaires, des migraines, des difficultés de sommeil, des problèmes gastriques ou au niveau du comportement alimentaire. Des études montrent aussi qu’approximativement 40% des étudiant·e·s qui présentent ces symptômes ne cherchent pas ou n’ont pas accès à l’aide nécessaire.

Le stress psychologique augmente le risque d’avoir ces conséquences sur le bien-être. Pour cette raison, il est important de rendre les étudiant·e·s attentifs-ives à cette thématique – même s’ils ne sont pas tous concernés par cette situation – afin de leur donner les clés pour agir au plus vite, et chercher l’aide la plus adéquate. Surtout, il est indispensable que les universités soient conscientes de cette situation. De nombreuses universités romandes, comme la nôtre, développe déjà ce type d’offre.

Quels sont les principaux facteurs de stress lorsqu’on suit des études?
Les principaux facteurs de stress cités par les étudiant·e·s sont, notamment, liés aux exigences académiques (la quantité de matière à étudier, les examens, la recherche de place de stage…), à la gestion du temps (conjuguer le temps d’étude avec un stage ou un travail rémunéré, …), et à des difficultés financières. Enfin, s’éloigner de sa famille et de son entourage social, en quittant le domicile familial pour poursuivre ses études  dans un autre canton ou un autre pays, peut être aussi un facteur de stress. Le début des études universitaires est une période de transition qui demande de nombreux effort d’adaptation. Emménager pour la première fois dans une collocation avec des personnes «inconnues», par exemple, n’est pas anodin, ou encore devoir gérer ses finances ou son quotidien de manière autonome.

Vous proposez un atelier pour prévenir le stress. Qu’y trouveront les participant·e·s?
Au sein de l’équipe de psychologie clinique et de la santé, nous avons créé un programme multidimensionnel de prévention du stress (GeDStress). Nous y intégrons différentes stratégies de gestion du stress, que ce soit au niveau cognitivo-comportemental (par exemple, la planification et la restructuration cognitive) ou au travers d’exercices basés sur la pleine conscience, d’activités sur les compétences sociales, l’affirmation de soi, et la régulation des émotions. L’idée de base est qu’il existe plusieurs manières de gérer le stress, à différents niveaux, dépendant de la situation et du moment. Le programme est groupal et composé de huit modules.

Son objectif est de créer une «boite à outils» personnelle de stratégies de gestion du stress. Nous commençons par évaluer les stratégies connues et utilisées par les participant·e·s. C’est un moment de réflexion sur «ce que je fais déjà qui est bien pour moi». Ensuite, nous proposons des activités afin d’«apprendre» et expérimenter de nouvelles stratégies. Entre les séances, nous demandons aux participant·e·s de mettre en pratique certaines de ces méthodes. Notre objectif n’est pas de ne plus ressentir de stress, mais de devenir flexible  et de se sentir efficace dans la manière de répondre aux diverses situations stressantes.

Nous considérons que nous pouvons prévenir le stress en agissant sur les exigences, mais aussi sur les ressources, en augmentant ces moments, ou en les valorisant. Ainsi, nous mettons l’accent sur l’importance de prendre du temps pour soi (faire une balade en forêt), de faire de pauses (par exemple pendant les révisions:  boire un café avec les collègues), de prendre le temps de se ressourcer (faire du sport, quelque chose qui nous plaît, prendre le temps de voir sa famille, ses ami·e·s, …) et, surtout, de prendre conscience des choses, des compétences et des ressources qu’on a déjà.

Cet atelier découle de votre travail de doctorat en psychologie. Sur quoi portent vos recherches?
Dans notre unité, nous investiguons les facteurs qui interviennent dans le développement de la psychopathologie. Notamment, nous nous sommes intéressé·e·s au stress et à ses conséquences sur la santé physique et psychique, ainsi qu’à la vulnérabilité à certaines maladies psychiques comme la dépression. Nous évaluons également les effets du stress au niveau psychologique, neurologique et physiologique. De mon côté, je me suis penchée sur la santé des étudiant·e·s universitaires. Nous voulions réfléchir à un programme qui soit intéressant pour le plus grand nombre et, surtout, qui puisse répondre aux différentes situations que les étudiant·e·s décrivent dans leur parcours. L’objectif de mon doctorat était justement de créer un nouveau programme de prévention du stress et de le valider. A partir du semestre prochain, nous allons le proposer à la consultation psychologique des étudiant·e·s de l’Université.

Comment traduit-on un travail de recherche en atelier pratique? A quoi faut-il faire attention?
En regardant les facteurs stressants mentionnés par les étudiant·e·s, nous nous sommes demandés ce que nous pourrions leur proposer pour gérer au mieux ces situations. Ainsi, en analysant les situations décrites, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il serait important de présenter un programme intégratif proposant des stratégies et des techniques à différents niveaux. Enfin, nous nous sommes dit qu’il serait important de travailler non seulement des stratégies aidant à diminuer les manifestations du stress, mais aussi à augmenter les ressources de résilience. En effet, le soutien social, l’optimisme, l’auto-efficacité, le sens de cohérence, le sentiment de contrôle, parmi d’autres, ont un effet tampon (buffering effect) qui modère les effets négatifs du stress sur la santé et le bien-être.

Nos cours sont très concrets. L’idée est d’expérimenter des stratégies de gestion du stress et non de faire un cours sur ce qu’est le stress. En plus, il s’agit d’un programme de groupe, ce qui permet de prendre conscience qu’on n’est pas seul dans cette situation et d’apprendre des expériences des autres.

Le stress peut s’installer de manière tout à fait insidieuse. Quels sont les signes qu’on peut avoir besoin de votre atelier?
Il y a différents stresseurs, certains sont des événements uniques, importants, clairement «reconnus» comme stressants, comme, par exemple, un déménagement. D’autres, relèvent des tracas quotidiens, par exemple le fait de toujours arriver en retard ou d’oublier de faire les courses. Ce sont de «petits» stresseurs mais qui peuvent aussi avoir des conséquences importantes.

Pour repérer les signes avant-coureurs on peut se poser les questions suivantes: est-ce que je me sens débordé·e ? Dépassé·e par tout ce que je dois faire ? Ai- je la sensation de gérer ou pas? Est-ce que je arrive à me concentrer, à maintenir mon attention sur ma tâche ou est-ce que je suis constamment préoccupé·e? Est-ce que l’approche des examens m’empêche  de dormir et ai-je le sentiment de ne jamais en faire assez? Est-ce que j’arrive à prendre du temps pour moi ou est-ce que j’ai la sensation d’être isolé·e? En fait, il y a divers signaux et diverses manifestations liées au stress. L’important est surtout de prendre quelques minutes pour soi et pouvoir se demander comment je me sens à ce moment-là.

Lors du Semestre de printemps 2020 , le programme sera offert dans trois groupes parallèles de maximum dix personnes. Chaque groupe participera à 8 séances de deux heures hebdomadaires. Lors de chaque séance, les participant·e·s travailleront différentes stratégies de gestion du stress. Les groupes sont animés par deux psychologues. Les dates des trois groupes sont les suivantes:

  • Groupe 1 les mardis : 10.03, 17.03, 24.03, 31.03, 07.04, 28.04, 05.05, 12.05   de 18h à 20h
  • Groupe 2 les mercredis : 11.03, 18.03, 25.03, 01.04, 08.04, 29.04, 06.05, 13.05 de 14h30 à 16h30
  • Groupe 3 les mercredis : 11.03, 18.03, 25.03, 01.04, 08.04, 29.04, 06.05, 13.05 de 17h30 à 19h30

Les étudiant·e·s intéressé·e·s à y participer peuvent prendre contact directement avec rominaevelyn.recabarren@unifr.ch ou au 026 300 74 77.

Plus d’infos et inscriptions ici.

Author

Exerce d’abord sa plume sur des pages culturelles et pédagogiques, puis revient à l’Unifr où elle avait déjà obtenu son Master en lettres. Rédactrice en chef d’Alma & Georges, elle profite de ses heures de travail pour pratiquer trois de ses marottes: écrire, rencontrer des passionnés et partager leurs histoires.

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