InterviewPublié le 28.01.2019

Étudier le droit à temps partiel


Entretien avec le professeur Hubert Stöckli, titulaire de la chaire de droit civil et commercial et président de la commission facultaire "études à temps partiel". Publié le 16 janvier 2019 dans Alma&Georges, le magazine en ligne de l'Université de Fribourg. Traduit par Sofia Balzaretti (MLaw) et Emma Conti (étud. iur.).

Alma&Georges : À quel public cible vous adressez-vous avec le lancement de ce programme et répondez-vous à des besoins spécifiques ?

Hubert Stöckli : Notre époque se caractérise par le désir d'une plus grande flexibilité, d'une plus grande mobilité, mais aussi par le fait que les carrières professionnelles sont aujourd'hui plus diverses et moins prévisibles qu'auparavant. C'est la raison pour laquelle toutes les personnes intéressées par les études ne sont pas en mesure de s’y consacrer pleinement – elles ont d’autres projets en cours, de nouvelles obligations s'ajoutent. C'est pourquoi nous avons désormais créé la possibilité d'étudier le droit à temps partiel. Nous avons développé un modèle dans lequel même les étudiant.e.s à temps partiel peuvent bénéficier des cours et des exercices qui ont lieu ici à l'Université. Nous croyons qu'une présence à l'Université présente également un intérêt pour les étudiant.e.s à temps partiel, car ce qui est transmis ne se limite pas au "matériel". Nous avons concentré les cours à temps partiel sur deux jours par semaine, en les articulant autour de grands thèmes annuels. Cela permet aux étudiant.e.s d'accomplir, par exemple, un travail familial ou de poursuivre une activité professionnelle pendant le temps restant - en plus de l'indispensable temps d'étude personnel. Nous nous adressons également aux étudiant.e.s qui s'intéressent à l'art, au sport ou à la politique, mais qui souhaitent combiner cet engagement avec un diplôme en droit. Nous sommes ravis de pouvoir offrir à ce public cible un programme sur mesure qui a une structure différente mais qui est tout aussi stimulant que les études à plein temps.

Alma&Georges : Pourquoi est-ce le bon moment pour lancer un tel programme?

Hubert Stöckli : C'est une bonne question. Nous aurions probablement pu créer ce programme d'études plus tôt. Ce qui est certain, cependant, c'est qu'il n'est pas trop tard pour lancer notre nouveau programme. Le désir de flexibilité est peut-être encore plus prononcé aujourd'hui qu'il ne l'était il y a quelques années. En outre, la Faculté de droit Fribourg est la première Faculté de droit en Suisse à proposer des études à temps partiel dans le cadre d'un programme spécial, et répond ainsi aux besoins des étudiant.e.s à temps partiel. De ce point de vue, nous pouvons aussi dire que c’est le moment propice, n’est-ce pas ?

Alma&Georges : Dans quelle mesure les perspectives d'avenir après un diplôme à temps partiel sont-elles prometteuses ? Est-ce que les employeur.e.s en profitent également ?

Hubert Stöckli : C'est un point très important. Le nouveau programme d'études a une structure différente de celle du programme d'études à temps plein. J'ai déjà brièvement souligné que les cours sont concentrés sur deux jours par semaine, ce qui laisse le reste du temps libre. Ceci est dû à la structuration en grands thèmes annuels, qui permettent aux étudiant.e.s à temps partiel d'approfondir un domaine spécifique de notre système juridique au cours de chaque année universitaire. Les étudiant.e.s à temps partiel suivent exactement les mêmes cours que les étudiant.e.s qui étudient à temps plein. Celles et ceux qui optent pour le temps partiel peuvent ainsi acquérir les mêmes connaissances juridiques que les étudiant.e.s à temps plein - il n'y a pas de différence à cet égard entre les études à temps plein et à temps partiel. C'était l'une de nos principales préoccupations lors de l'élaboration du nouveau programme : Les études à temps partiel sont aussi exigeantes que les études à temps plein à tous les égards - avec une disponibilité et une flexibilité accrues en matière de temps. Est-ce à l’avantage des employeur.e.s ? Nous croyons que ce sera le cas, mais bien sûr, cela dépend de l'accord concret entre un.e étudiant.e à temps partiel et son employeur.e. Il sera important de ne pas sous-estimer les exigences liées aux études à temps partiel et de répondre aux attentes mutuelles de manière aussi transparente que possible. Nous attachons également une grande importance à la réussite des étudiant.e.s à temps partiel, c'est pourquoi nous ne devons pas minimiser les exigences. Par exemple, nous supposons que la tentative de combiner des études à temps partiel avec une charge de travail de plus de 60% est certainement trop ambitieuse. Même celles et ceux qui étudient le droit à temps partiel ont besoin de temps pour le faire. Sinon, la confrontation avec la matière complexe du droit resterait superficielle, et les études ne procureraient pas de satisfaction.

Alma&Georges : Dans quelle mesure la formation proposée peut-elle être combinée avec l'expérience pratique ? La Faculté est-elle flexible ?

Hubert Stöckli : Je voudrais peut-être revenir sur les points que nous avons déjà abordés. Sur la flexibilité de la Faculté, dans un premier temps. En effet, celle-ci s'exprime dans la conception du cursus. Pour celles et ceux qui étudient à temps partiel, nous avons fixé des cours correspondants à deux jours par semaine de cours, ce qui donne aux étudiant.e.s à temps partiel une grande marge de manœuvre. Nous nous en tenons toutefois également au concept de base : celles et ceux qui s'attaquent au Bachelor en droit trouveront un programme fixe - qu'ils ou elles étudient à temps plein ou à temps partiel. De cette façon, et cela est particulièrement important pour nous, toutes et tous traitent de tous les sous-domaines de notre système juridique ainsi que de leurs interactions. La prise en compte de ces interactions est centrale parce que les différentes matières ne peuvent être isolées, elles seront toutes rencontrées par nos étudiant.e.s dans leur pratique ultérieure du droit.

Alma&Georges : Quels conseils donneriez-vous aux personnes intéressées à étudier le droit à temps partiel ?

Hubert Stöckli : Les personnes qui étudient chez nous à temps partiel devraient pouvoir terminer leurs études avec succès. C'est beaucoup plus important pour nous que des chiffres impressionnants. Nous avons donc créé des critères d'admission qui vont tous dans le même sens : nous nous adressons à toutes celles et ceux qui ont une idée assez précise de ce que signifie le fait de combiner les études avec une autre activité ou obligation. Cela m'amène également à la réponse à votre question : notre service de conseil aux études aide les personnes intéressées à s'informer le plus clairement possible des exigences liées aux études. Les études à temps partiel offrent une grande flexibilité, mais elles sont tout autant stimulantes. Ainsi, il est clair que les personnes qui choisissent ce programme d'études pourront y trouver ce qu'elles recherchent.