ColloquePublié le 02.03.2020

L'imaginaire de l'Egypte pharaonique


L’Égypte pharaonique, au-delà de l’intérêt historique et archéologique favorisé entre autres par l’expédition de Bonaparte et la découverte en 1922, par Howard Carter, de la tombe de Toutânkhamon, a suscité dans toute l’Europe un engouement qui relève de l’imaginaire et qui s’est exprimé dans la littérature, les arts graphiques et le cinéma. L’égyptomanie, si elle s’éloigne bien souvent de l’égyptologie scientifique, s’est tout de même nourrie de celle-ci par la vulgarisation des découvertes, anglaises, allemandes et françaises en particulier, dans cette ancienne terre des Pharaons qui ne cesse de livrer de nouveaux trésors archéologiques depuis plus de deux siècles.

D’une fiction plus ou moins inspirée de réalités historiques aux spéculations les plus fantastiques, l’imaginaire égyptisant a produit un corpus d’œuvres très diverses qu’il s’agira de mettre en résonance les unes par rapport aux autres. On constate que le roman égyptisant est devenu quasiment un sous-genre établi du roman historique récent et contemporain, ce qui témoigne des attentes toujours renouvelées d’un large public. La riche mythologie égyptienne, avec ses divinités et ses cultes, a nourri de nombreux fantasmes depuis l’époque romantique dans la littérature et la peinture, et plus récemment au vingtième siècle dans le cinéma et la bande dessinée.

Peut-on discerner, sinon une logique, du moins des tendances de fond dans cette vaste production imaginaire ? La civilisation pharaonique fascine-t-elle par sa grande antiquité et l’influence qu’elle a pu exercer sur d’autres cultures, ou par la place qu’elle occupe dans la tradition biblique ? Constitue-t-elle, par son rapport particulier au temps et à la mort, une forme d’uchronie consolatrice, dans une culture occidentale moderne marquée par une conscience linéaire de l’histoire et un sentiment d’évanescence de plus en plus aigu ? Comment un monde mort depuis tant de siècles peut-il parler encore si puissamment à l’imaginaire collectif ? Ce sont là quelques-unes des questions qui dirigeront les réflexions de ce colloque, organisé par la Faculté des Lettres.