Recherches en cours

  • La faiblesse : variations sémantiques et enjeux politico-culturels

    Ce programme de recherche se propose de prendre pour cible la faiblesse et d’en examiner la pertinence comme catégorie d’analyse du monde social en la saisissant au croisement de regards disciplinaires différenciés et interrogeant les présupposés socio-culturels et les architectures symboliques qui en sous-tendent des définitions toujours situées.

    Choisir la faiblesse, c’est en effet d’abord refuser une entrée saturée politiquement et médiatiquement, celle de la vulnérabilité, ce qui aurait fortement obéré toute volonté de mise en discussion ouverte. L’intérêt paradoxal de la faiblesse repose justement sur son statut non politisé, et peut-être même non politisable, alors même qu’il s’agit d’une notion fortement politique, comme l’illustre l’exemple du déni de la force que qualifie l’action non violente.

    Choisir la faiblesse, c’est aussi refuser une entrée monovalente, la fragilité, qui ne renvoie, comme la frailty anglo-saxonne, qu’à la seule constitution corporelle, en, ce faisant, invitant à inclure dans la réflexion les tourments de l’âme. La faiblesse permet en outre une variation sémantique ; elle peut être déclinée sous l’angle d’une propriété singulière, physique ou morale, ou/et sous celui d’un rapport social.

    Choisir la faiblesse, par ailleurs, c’est ne pas retenir seulement les faibles au sens des affaiblis, même si bien sûr, ils peuvent et ils doivent être pris en considération dans une réflexion sur la faiblesse ; c’est aussi inclure la vision éthique des faibles comme expression de notre commune humanité. 

    Responsables :

    Jacques Athanase Gilbert (Université de Nantes)

    Mathias Savadogo (Université d’Abidjan)

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

     Objectifs concrets : 

    Hiver 2018-2019 : un atelier thématique considérant la faiblesse comme rapport social et les faibles comme perdants de l’Histoire.

    Printemps 2019 : un atelier thématique prenant pour cible la faiblesse morale et la fragilité des vertus en mettant en contraste les sociétés de l’honneur et les sociétés de la réalisation de soi.

    Hiver 2019-2020 : un atelier cherchant à caractériser la faiblesse comme ressource et à éclairer les modes de prise de puissance (allant du courage à l’empowerment).

    Printemps 2020 : un colloque transversal et synthétique sur la faiblesse comme catégorie d’analyse du monde social.

     

  • Les épreuves de l'incertain

    Inquiétude, risque, vulnérabilité. Complexité, pluralité, diversité. Imprévisibilité, labilité, virtualité… Le vocabulaire contemporain regorge de notions qui, chacune à sa manière, rend compte d’univers, qu’ils soient politiques, scientifiques, sociaux ou professionnels, marqués par une certaine « anomie », par une certaine « dérégulation », par un certain affaiblissement des cadres normatifs, par une certaine ouverture des fins. Cette transformation majeure relève tant de changements objectifs, technologiques ou sociaux, que de modifications symboliques de notre être-au-monde. L’ouverture abyssale de la génétique et des nano-technologies, au même titre que les grands bouleversements géopolitiques et l’abandon du rêve prométhéen de maîtrise du monde nous font redécouvrir l’incertitude comme paramètre central de nos existences.

    Il faut revoir le noyau dur du paradigme sur lequel le projet moderne de connaissance du monde s’est développé. Il faut apprendre à penser ce qu’est vivre avec l’incertain, c’est-à-dire décider et agir dans des contextes faiblement normés, aux fins ouvertes, chargés de paradoxes. Mais qu’est-ce que décider sans bases solides, dans la complexité et dans le flou ? Qu’est-ce qu’agir sans confiance pré-établie en des institutions, en l’absence de normes stables ? En quoi la précaution, la prudence, la souplesse, la réversibilité deviennent-elles des ressources facilitant (et des contraintes limitant) la décision et l’action ? En quoi l’instauration de formes diverses de délibération aide à affronter des dilemmes insolubles ? En quoi la sagesse pratique ou la réflexivité peuvent servir de principe de guidance de l’action ? 

    Responsable :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets : 

    Organisation d’un séminaire de réflexion les 30 et 31 mai 2017 à l’Institut d’études avancées de Nantes 

    Publication d’un ouvrage collectif courant 2018.

  • Essai de modélisation d’une théorie intégrée du travail social

    Ce projet de recherche a été développé et porté lors d’une année de résidence à l’Institut d’études avancées de Nantes. Il consistait à revenir sur la dimension profondément normative et donc fondamentalement contestée, au sens de Walter Gallie, du travail social et d’essayer d’apporter quelques éléments de résolution à cette énigme en prenant appui sur trois lignes de force :

    - Le dépassement des explications sectorielles par la construction d’une théorie intégrative articulant les fins, les modalités, le contexte et la situation.

    - L’abandon de la prétention à produire une théorie en propre du travail social, comme essence ou comme agence, au profit d’une théorie de l’action tenant compte des caractéristiques formelles qui impriment les quatre piliers susnommés de la qualification du travail social, à savoir l’incertitude.

    - La centration sur la dimension prudentielle (réflexive et délibérative) de l’activité des travailleurs sociaux et la prise en considération du fait qu’ils doivent affronter en situation des épreuves sociales de professionnalité pour, au sens fort, réaliser leur intervention. 

    Responsable :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets : 

    Contribution à un dossier de revue : « Le travail social, une activité d’auto-conception professionnelle en situation d’incertitude » in SociologieS, Dossier Relation d’aide et de soin et épreuves de professionnalité, juin 2016, http://sociologies.revues.org/5553

    Contribution à un ouvrage collectif : « Le travail social, une notion essentiellement contestable » in Autès M, É. Marlière et J. –S. Alix, À la recherche du travail social, à paraître en 2018.

    Publication d’un ouvrage en 2019.

  • Enjeux et perspectives de la sociologie francophone

    Ce projet se propose d’interroger l’idée d’une sociologie en français et proposer des arguments fondés et constructifs de son maintien et de son développement. Il s’agit en d’autres termes d’identifier les bonnes raisons de travailler aujourd’hui en français en tant que sociologue à côté et avec d’autres langues de travail. Il comprend deux volets : 1) un inventaire, mené à l’occasion d’un séminaire de réflexion, des situations et enjeux de la sociologie de langue française portés par l’expérience contrastée des membres du Bureau de l’Association internationale des sociologues de langue française et 2) une enquête auprès des membres ladite association pour saisir ce que représente aujourd’hui dans une communauté scientifique mondialisée le fait, comme sociologue, de travailler en langue française, i.e. de se former, d’enseigner, de chercher et de publier. 

    Responsables 

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

    Aurianne Stroude (Université de Fribourg)

    Mandat :

    Association internationale des sociologues de langue française 

    Objectifs concrets : 

    - Organisation d’un séminaire de réflexion les 16, 17 et 18 novembre 2017 à l’Université de Fribourg (faire lien avec le programme)

    - Publication d’un dossier sur le site web de l’Association internationale des sociologues de langue française courant 2019

  • Étude de faisabilité et de recevabilité d’autres modes de financement des structures d’accueil de la petite enfance

    Cette étude comporte deux volets : le premier, mis en œuvre par l’Institut de recherches économiques du canton de Neuchâtel, propose une analyse des coûts du placement extrafamilial des jeunes enfants (0 à 4 ans) et les incitations/freins en termes de participation des femmes au marché du travail ; la seconde, portée par la Chaire de Travail social et politiques sociales de l’Université de Fribourg, prend la forme d’une recherche-action auprès d’acteurs stratégiques (entreprises, collectivités publiques, associations professionnelles, Conférence suisse des institutions d’action sociale…) pour identifier les obstacles et intérêts perçus à différents modèles de politique tarifaire des structures d’accueil de la petite enfance. Il s’agit à terme de documenter une refonte de l’accueil extrafamilial préscolaire afin de favoriser la conciliation vie familiale et vie professionnelle. 

    Responsables : 

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

    Philippe Gnaegi (Pro Familia Suisse) 

    Mandat :

    Pro Familia Suisse 

    Objectifs concrets : 

    Rédaction d’un rapport (décembre 2018)

  • Devenir (in)capable : considération et détermination sociale de jeunes souffrant de troubles psychiques

    Ce travail doctoral vise à analyser et comprendre les tendances qui traversent les politiques publiques dans le traitement social et la détermination de jeunes souffrant de troubles psychiques. L’objectif est de saisir sociologiquement la construction sociale de "l'incapacité psychique" de jeunes en souffrance en explorant trois dimensions imbriquées les unes dans les autres. 1) La façon dont s'articule la césure capacité/incapacité psychique. Le cadre du travail s’articule autour d’un « commun comparable » suisse et québécois en matière de politiques publiques sur les questions de jeunes souffrant de troubles psychiques. Dans une plus large mesure il s’agit de dégager les orientations communes et génériques prises par des états sociaux occidentaux et de révéler les transformations contemporaines des politiques publiques sur ces problématiques. Il s’agit également d'identifier les variations terminologiques (par ex. rétablissement, réadaptation) entre la situation suisse et québécoise et les sens accordés à ces notions. 2) Avec une analyse des pratiques et des représentations des intervenants du milieu socio-sanitaire qui gravitent autour de jeunes qui souffrent de troubles psychiques, de comprendre comment des professionnels, dans deux contextes socio-culturels différents, vont composer avec l’embarras commun de devoir traiter avec un public d’entre-deux, à savoir, un public qui est ni enfant, ni adulte, ni normal, ni pathologique. 3) Des cas « emblématiques » de jeunes qui se situent dans des formes intermédiaires d’autonomie en lien avec atteinte psychique désignée socialement seront interrogé-e-s en complément aux entretiens.

     Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

    Marie-Chantal Doucet (Université du Québec à Montréal) 

    Doctorant :

    Antoine Sansonnens (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets :

    Séjour à l’Uqàm de septembre 2018 à février 2020

    Dépôt de la thèse en mars 2021.

  • Comprendre le fonctionnement et l'utilité d'une communauté composée de mineurs placés en institution

    Les adolescents qui rencontrent des difficultés au sein de leur famille peuvent être placés, à leur demande ou à celle de leurs proches, dans un foyer institutionnel jusqu'à leur majorité. La communauté qui se forme de ce rassemblement de mineurs, un microcosme artificiellement créé par les pouvoirs publics, s'avère singulière à bien des égards, notamment en raison de la ponctualité de l'accueil et de la recomposition fréquente du groupe. En son sein, la seule injonction posée aux jeunes est l'exigence de "devenir" – ce qu’eux-mêmes souhaitent et à travers une panoplie d’options, pour ensuite, un jour, pouvoir « être » – car il s'agit en priorité de construire les prémisses d’une vie indépendante. Ce lieu de vie communautaire revêt donc une utilité spécifique pour les pensionnaires, qui se trouvent à une période charnière de leur vie. Ce travail de recherche s'intéresse alors à leur socialisation, puisqu'un mode d’apprentissages singulier des prises de rôles est proposé dans une institution pour mineurs. Par ailleurs, il appréhende les différents répertoires d'action dans lesquels les jeunes s'inscrivent tout au long de leur carrière institutionnelle, les oscillations entre leurs sphères d'existence ou encore les soutiens dispensés par les professionnels. 

    Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

    Doctorante : 

    Vanessa Willy (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets : 

    Dépôt de la thèse en décembre 2022

  • Pratiques et discours islamiques en réponse à l’exclusion - L’action sociale musulmane en Suisse

    La thèse aborde la thématique de l’action sociale musulmane comme une approche alternative du travail social dans le contexte de l’Europe occidentale contemporaine. Située académiquement à l’interface de la théologie et des sciences sociales, son interdisciplinarité vise à questionner les discours théologiques qui entourent des pratiques sociales concrètes et analysables par la sociologie. Ainsi, la thèse se base d’abord sur l’étude qualitative de projets associatifs islamiques en Suisse construits en réaction aux problématiques d’exclusion et de conflits d’ordre identitaire. La recherche s’intéressera aux modes d’action de ces associations, afin d’étudier leurs spécificités et la place de la religion dans les pratiques et discours des acteurs. Dans un deuxième temps, la thèse étudiera les discours et pensées théologiques liées aux problématiques sociales identifiées en interrogeant les liens réciproques entre les pratiques d’action sociale et les normes véhiculées dans l’espace théologique communautaire. Finalement, la thèse cherchera à identifier si l’action sociale musulmane propose ou non des approches alternatives du travail social et si elle est conçue et orientée sur la base d’enseignements théologiques de l’islam, ou si l’islam n’est au contraire qu’une référence identitaire. 

    Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

    Hansjörg Schmid (Université de Fribourg) 

    Doctorant : 

    Baptiste Brodard (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets : 

    Dépôt de la thèse en octobre 2019

  • La construction des projets d’accompagnement et de vie des personnes avec déficience intellectuelle par les éducateurs

    De nombreuses personnes adultes avec déficience intellectuelle habitent dans des « structures spécialisées » leur offrant un accueil et accompagnement en accord à leurs particularités. Compte tenu de leur limitation au niveau des capacités adaptatives, conceptuelles et pratiques, il ne leur est pas possible d’assurer seuls, leur vie matérielle et relationnelle – tout comme la mobilisation d’un discours sur « leur vie », ou « leur qualité de vie ». D’une manière générale, ces personnes ont besoin d’un appui, d’un soutien humain et technique plus ou moins ininterrompu, proche et adapté à leurs demandes singulières. Vis-à-vis des caractéristiques spécifiques de chaque personne, l’éducateur doit « interpréter » leurs expressions à partir de gestes, aptitudes, comportements, paroles éparpillées, etc. Cette recherche explore comment l’éducateur articule et emboîte l’ensemble des projets dans son travail. Comment l’éducateur construit-il le projet de vie de la personne déficitaire? 

    Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) 

    Doctorant :

    Andres Garcia (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets :

    Dépôt de la thèse en décembre 2019

  • Comprendre et observer la proximité dans la relation d'accompagnement

    Les structures d'accueil de personnes en situation de handicap emploient des collaborateurs ayant une fonction d'accompagnement, que ce soit dans le cadre de structures d'hébergement ou d'activités de jour. Une partie de ce mandat s'opère dans un espace ainsi qu'un registre relationnel de la proximité. Le rapport entre accompagnant et usager est ambigu : il s'inscrit dans une logique de service mais s'opère dans un espace interpersonnel régi par des normes différentes de celles qui sous-tendent le mandat de l'employeur.

    Différents types de proximité ont été identifiés : une proximité du corps, l'exposition à l'émotion, à la détresse ou à la douleur, la perméabilité entre les réseaux privés, le partage de traits identitaires indépendants de la relation de service ainsi que le partage d'un espace domestique. Ce travail de recherche explore ces registres de la proximité entre accompagnant et usager. Il interroge les stratégies mises en place par les accompagnants pour délimiter un espace de proximité partagé avec les usagers. Il cherche à comprendre la fonction d'un tel balisage. Il vise par ailleurs à comprendre le rôle du tiers, incarné ou évoqué, dans cette relation. 

    Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) 

    Doctorante : 

    Marie Jammet-Reynal (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets :

    Dépôt de la thèse en mai 2020

  • Les expertises en acte du travail social dans le champ de l'insertion socio-professionnelle : construction d'une légitimité

    Comment la légitimité des travailleurs sociaux dans le champ de l’insertion socioprofessionnelle se construit-elle ? Voilà la question qui fonde notre projet de thèse ! Autrement dit, qu’est-ce qui donne le droit aux travailleurs sociaux de dire et de prétendre qu’ils font de l’insertion ? Partant des évolutions plus ou moins récentes des politiques et du travail social, avec précisément l’émergence de ce champ d’intervention, notre hypothèse principale postule que ladite légitimité se trouve à la croisée des chemins, dans un rapport social « négocié » notamment entre les instances de formation (compétences en construction), les employeurs de l’insertion (compétences attendues) et les professionnels eux-mêmes du travail social (compétences en acte).

    Dans cette optique, il s’agira de confronter nos hypothèses avec les données empiriques récoltées auprès des trois acteurs susmentionnés. Nous nous intéresserons prioritairement aux dispositifs destinés aux jeunes (16-25 ans), public historiquement "privilégié" par les politiques et les programmes d'insertion mis en place.

    Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)  

    Doctorant :

    Jorge Pinho (Université de Fribourg)  

    Objectifs concrets : 

    Dépôt de la thèse en septembre 2019

  • La tentation alternative : de l’art de se distancier de la norme dans la société contemporaine

    Cette recherche s’intéresse à comprendre le processus par lequel des individus transforment leur mode de vie, en se distanciant des injonctions contemporaines de consommation et de réussite sociale, pour mettre en œuvre de nouvelles pratiques qu’ils estiment plus cohérentes par rapport à leurs valeurs. À partir de l’étude de différents types de démarches alternatives contemporaines, cette recherche s’intéresse notamment aux paradoxes vécus par les personnes qui tentent de s’extraire des normes au sein desquelles elles ont été socialisées et dont elles ne peuvent entièrement se défaire. Plusieurs terrains de recherche sont mobilisés afin d’éclairer les dimensions individuelles et collectives de ce processus. Ainsi, l’enquête est menée auprès d’individus ayant connu une bifurcation radicale dans leur trajectoire de vie, en passant d’un mode de vie de consommation et de réussite conventionnelles à une logique de simplicité volontaire, auprès de personnes vivant en écovillage et auprès de participants au mouvement de la Transition. Afin de s’adapter à la spécificité des différents terrains, la recherche combine plusieurs types de méthodes qualitatives : des entretiens semi-directifs, des entretiens de groupe et des ethnographies.

    L’objectif principal de cette recherche est de mettre en lumière les mécanismes de transformation des valeurs, références et pratiques dans l’exploration d’un mode de vie qui tend à se distancier des injonctions contemporaines de réussite et de consommation. 

    Direction :

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) 

    Doctorante :

    Aurianne Stroude (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets :

    Dépôt de la thèse en décembre 2018

  • Cancers et travail en Suisse: mythe ou réalité ?

    Le cancer est un véritable fléau de notre Société moderne. En Suisse, 37’000 nouveaux cas de cancers sont répertoriés par le registre des cancers suisses. Leurs impacts, humains et économiques notamment, sont considérables, et affectent tant la sphère publique que le monde professionnel. A la fois acteurs et victimes, les entreprises sont concernées au premier chef.

    - Le nombre de cancers professionnels officiellement reconnus en tant que maladies professionnelles et faible, à savoir une centaine chaque année en Suisse. Dans les faits les pathologies liées à l’activité professionnelles se comptent probablement en milliers de cas. En Europe, chaque année, 100’000 travailleurs meurent des suites de leur exposition à des produits cancérigènes sur leur lieu de travail. Ces cancers inscrivent dans la réalité biologique des corps la marque des inégalités sociales de santé.

    - Le niveau actuel des connaissances scientifiques et l’existence d’alternatives techniques rendent pourtant possible une prévention efficace. Les acteurs du monde professionnel (travailleur, employeur, soignant, préventeur, assureur, etc.) peuvent agir pour optimiser les préventions primaire, secondaire et tertiaire des travailleurs exposés. L’absence d’incitatifs économiques immédiats et les moyens d’action limités des autorités publiques, n’enlèvent rien à la nécessité de préserver la santé de la population active, premier outil de travail des entreprises.

    - Quelle que soit l’origine du cancer, l’entreprise subit aussi les conséquences de l’occurrence d’un cancer chez l’un de ses collaborateurs. Cadres, ressources humaines, collègues, tous seront affectés à des degrés divers. Il s’agira de faire face à l’annonce de la maladie, d’organiser le travail en l’absence du collaborateur et d’anticiper la réintégration au travail dans un contexte d’incertitudes importantes.

    Il s’agit ici proposer un état des lieux et une analyse des connaissances pour l’action, dans une triple perspective : 1) connaître les activités de travail exposant le personnel aux cancérogènes et l’accès au droit à la reconnaissance, 2) Comprendre la maladie pour mieux l’accompagner, 3) Identifier les facteurs influençant la mise en œuvre de la prévention tertiaire. 

    Responsables :

    Sophie Le Garrec (Université de Fribourg)

    David Verney, Michel Guillemin, Brigitta Danuser, Viviane Gonik, Laurie Kujawa et Peggy Krief (Institut universitaire romand de santé au travail, Lausanne)

    Alain Max Guénette (HES ARC)

    Georg Bauer (Université de Zürich) 

    Objectifs concrets :

    Organisation du 8ème Congrès suisse « Santé dans le monde du travail » en 2018.

    Publication d’un numéro spécial dans la revue Sciences économiques et sociales en 2019.

  • Mandat d’expertise Cipret-Jura / 2017-2018

    Suite à une recherche-évaluation sur les actions préventives en matière d’addictions et plus particulièrement sur le tabagisme chez les adolescent-e-s dans le canton du Jura (2014 et 2015), de nouveaux modes d’intervention auprès des jeunes sont expérimentés et des formations auprès des professionnel-le-s (animateurs, éducateurs, infirmiers scolaires, etc.) proposées.  Il s’agit ici d’accompagner et d’expertiser certaines des recommandations de recherche émises lors d’un mandat précédent.

    Responsable :

    Sophie Le Garrec (Université de Fribourg) 

    Mandataire :

    Cipret Jura 

    Objectifs concrets :

    - Évaluer certains outils de prévention

    - Proposer des formations professionnelles reconnues en matière d’addictions

    - Expertiser certaines des actions proposées dans le champ de la prévention des addictions auprès des adolescent-e-s.

  • Santé au travail 4.0. Projet-pilote d’élaboration d’une méthodologie d’identification et de mitigation des risques psycho-sociaux dans l’environnement professionnel

    Stress, burn out, souffrance au travail, usure, fatigue… autant de mots portés par l’actualité médiatique depuis quelques années. Pour autant ces maux trouvent-ils une résonnance dans les politiques publiques – et particulièrement de santé publique – et au sein des organisations professionnelles ? 

    La Suisse appréhende les enjeux des maladies liées au travail essentiellement par les maladies professionnelles officiellement reconnues et indemnisées à travers notamment la Loi sur le Travail (LTr) et l’Assurance Accidents et Maladies (LAA). Mais la santé au travail, notamment sous son versant psycho-social, n’entre pas dans cette catégorisation officielle alors que la problématique des risques psycho-sociaux (RPS) concerne aujourd’hui plusieurs milliers de personnes. 

    Les entreprises tout comme les services publics proposent à leurs salarié-e-s depuis quelques années des offres de formation afin de sensibiliser et prévenir les RPS. Pour autant, force est de constater un décalage entre les contenus de ces formations et la réalité effective des enjeux de la santé au travail. Ces offres, le plus souvent orientées sur des approches psychologisantes, ne pallient en rien l’accroissement et la prégnance de ces maux. 

    Notre posture de recherche vise à appréhender la santé au travail non pas sur le seul individu (et ses approches psychologisantes) mais sur l’ensemble des données composant la réalité des RPS. Pour ce faire, nous attachons une importance déterminante à l’analyse des dynamiques organisationnelles et structurelles tout autant qu’aux ressources et positionnements (tant individuels que collectifs) subjectifs relevant de la perception de certaines situations et conditions de travail. Les problèmes de santé au travail et spécifiquement les RPS doivent ainsi et aussi être analysés par le prisme des modes d’organisation et de management trop souvent éludés des analyses et pratiques d’intervention actuelles. 

    Notre recherche vise justement à questionner les configurations structurelles pouvant favoriser ou altérer la santé au travail et à comprendre les rapports interactionnels qui se jouent entre les salariés et les organisations. 

    La construction d’un outil de modélisation ou d’un dispositif permettant de dissocier et de saisir les éléments délétères sur la santé au travail tant individuels que structurels sera l’objectif de notre travail. 

    Le projet « Santé au travail 4.0» vise donc à développer une méthodologie et des outils nécessaires pour appréhender de manière fiable les risques psycho-sociaux dans un cadre professionnel et dans le but d’offrir des pistes d’intervention (processus de mitigation des risques) permettant d’améliorer la santé au travail. 

    Dans un deuxième temps, le projet «Santé au travail 4.0» vise à mettre en place un observatoire dans le domaine afin d’identifier les risques principaux et dégager les bonnes pratiques.  

    Responsable pour la Chaire : Sophie Le Garrec 

    Objectifs concrets 

    2019 : élaborer un dispositif de veille et de saisine sanitaire en lien avec les problématiques de « risques psycho-sociaux » et  ce, en co-partenariat avec les acteurs de terrain.

    Amélioration de stratégies et de mesures en matière de RPS au sein des entreprises ;

    Aide à la prise de décision et à l’accompagnement de projets préventifs sur les RPS ;

    Référentiels de bonnes pratiques adaptés à la pluralité des configurations organisationnelles.

  • Baclofène : analyses et enjeux sociologiques d’une controverse

    L’étude des controverses permet de comprendre les « moments de renversement potentiel des rapports et des croyances jusqu’alors institués. » (Cyril Lemieux). Le Baclofène promu comme traitement de l’alcoolo-dépendance est une belle illustration de controverse(s) ayant fait entrer en jeu des acteurs et des référentiels (scientifiques, expérientiels) très divers, notamment parce qu’il a (ré-)ouvert un débat ancien dans le champ des addictions : l’abstinence à vie comme seule solution efficace à l’alcoolo-dépendance. C’est cette controverse que nous souhaitons analyser ici, afin de mettre en lumière les rapports de force et les enjeux de lutte ayant participé à la trajectoire du Baclofène. Fortement contesté à ses débuts, il a gagné du terrain parmi les spécialistes et les alcoolo-dépendants, ayant même obtenu son AMM (Autorisation de mise sur le marché) en 2014. Aujourd’hui, il est toujours objet de controverses, traversé notamment par des conflits sur les doses autorisées. La recherche se décompose en trois temps :

    1. Nous retracerons dans un premier temps l’historicité de la controverse autour du Baclofène afin de comprendre comment elle a émergé : quels sont les acteurs en présence ? Quels enjeux, économiques, moraux, politiques, professionnels, ont pu structurer l’agencement de ces acteurs entre des « pro » et « anti » Baclofène ?
    2. Nous analyserons ensuite à travers les sources des différends, leur(s) logique(s) argumentative(s) et les référentiels scientifiques ou expérientiels mobilisés : à quels principes de justification se réfèrent-ils ?
    3. Nous observerons enfin si, au fil de ces dix années de controverse, les registres de ces logiques ont évolué, se sont déplacés ou se sont repositionnés ? Si oui comment et dans quels cadres d’analyse ?

    Il s’agit ainsi d’ouvrir la « boîte noire » du Baclofène, c’est-à-dire analyser comment il s’est constitué comme objet de lutte pour la « bonne » définition du trouble et de son traitement dans le champ des addictions ; et comprendre ce qui se joue socialement et moralement dans le développement des traitements de l’alcoolo-dépendance. 

    Responsables de la recherche :

    Sophie Le Garrec et Line Pedersen 

    Mandat de recherche :

    Fondation pour la recherche en alcoologie (Paris, France) 

    Objectifs concrets :

    le rapport de recherche courant 2019

    la publication d’un article de recherche FRA 2019

    la rédaction d’un ouvrage 2020

  • Analyse du projet Trampoline Beer

    Cette recherche repose sur une évaluation longitudinale du projet Trempoline Beer développé par le Tremplin, centre de réinsertion socioprofessionnelle pour personnes toxicodépendantes du Canton de Fribourg. Poussant au plus loin la logique de réduction des risques, ce projet repose sur un double objectif, d’une part, de renouement avec les usagers suivis grâce à une autorisation de consommation d’alcool (bière) à l’intérieur d’un dispositif d’accueil à bas seuil et, d’autre part, d’éducation à une consommation responsable par la fabrication d’un produit de qualité par les dits usagers eux-mêmes, grâce à un partenariat avec une micro-brasserie locale.

    Ce projet, dès son origine, a été accompagné par une procédure de suivi longitudinal visant à : a) analyser la mise en place du projet Trempoline Beer, b) tracer les lignes de force et les fragilités des formes de concrétisation du projet, c) étudier les évolutions et les transformations opérées au fil du temps, d) permettre de communiquer et valoriser le travail effectué au quotidien en donnant des arguments cohérents, objectifs et explicites, et e) outiller conceptuellement l’expérience d’innovation vécue. 

    Responsables :

    Vivianne Châtel (Université de Fribourg)

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) 

    Mandat :

    Fondation le Tremplin 

    Objectifs concrets :

    Un rapport de synthèse en 2018

    Une présentation publique en 2018

  • L’Aide éducative en milieu ouvert dans le canton de Fribourg : évolution et perspectives

    L’Aide éducative en milieu ouvert, mise en œuvre par la Fondation Transit sous mandat de la Direction de la santé et des affaires sociales, existe dans le Canton de Fribourg depuis les années 90. La présente étude vise à rendre compte des évolutions et des transformations du dispositif opérées au fil du temps, d’étudier la structure actuelle des coûts et de financement, d’identifier les logiques d’intervention mises en œuvre et de tracer les lignes de force et les fragilités des mesures Aemo.

    Responsables : 

    Vivianne Châtel (Université de Fribourg)

    Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg)

    Mandat :

    Direction de la Santé et des Affaires sociales du Canton de Fribourg

    Objectifs concrets  :

    Rédaction d’un rapport intermédiaire (juin 2018)

    Rédaction d’un rapport (novembre 2018)

  • Réseau de recherche sur les génocides, associé à la Revue Genobs

    La revue en ligne Genobs, instituée et gérée par la Professeure Catalina Sagarra, se consacre aux études et analyses du champ des violences commises par un État contre son peuple. Partie de l’exploration du génocide commis au Rwanda, et construite autour de colloques et séminaires annuels, la revue s’est peu à peu élargie à l’ensemble de ces violences et de leurs enjeux.

    L’objectif du réseau est de se doter d’un instrument de recherche sur les questions de crimes de masse commis par un État contre son peuple ou partie de son peuple (génocide, crimes contre l’humanité, etc.) en essayant toujours de mieux comprendre les mécanismes et enjeux de responsabilité dans ces actes de négation absolue de l’Autre, à tel point que son anéantissement ne pose plus aucun problème moral. 

    Responsables :

    Vivianne Châtel (Université de Fribourg)

    Catalina Sagarra (Trent University)

    Murielle Pradelle (Université d’Ottawa) 

    Objectifs concrets :

    Mieux comprendre les enjeux, les tenants et aboutissants, les conséquences des génocides et crimes contre l’humanité, résultat d’une négation absolue de l’Autre Homme.

    Animer un réseau de réflexion sur la thématique

    Organiser régulièrement des rencontres dans une Université correspondante

    Publier les actes de ces rencontres

    Prochaine étape : une série de trois colloques dans chacune des universités sur le thème de la culpabilité (Peterborough / Ottawa / Fribourg)

  • Comité de recherche (CR 30) : Inégalités, identités et liens sociaux

    Le CR30 a comme objectif l’analyse des processus de différenciation et de hiérarchisation à la base des inégalités sociales et de la production du lien social, sans écarter les problématiques associées à ces inégalités ou à ses modes de concrétisation ou d’ancrage particuliers (inégalités ethniques, de genre...), dès qu’elles permettent de mieux les conceptualiser, théoriquement et empiriquement.

    Il s’agit de saisir à la fois les cadres structuraux de la stratification sociale et les dynamiques et les modèles culturels qui fixent des identités sociales ou qui sont à la base de l’agencement des structures d’appartenance, particulièrement dans le cas des groupes les plus vulnérables.

    L’analyse des situations est associée à celle des processus : morphologie des situations de précarité, de pauvreté ou d’exclusion sociale ; dynamique de ces situations, aux niveaux historique, des institutions, des composantes structurales des populations ou des itinéraires ou histoires de vie individuelles ou familiales, dans un cadre transnational, national ou local.

    Si on ajoute l’analyse des politiques qui visent l’inclusion sociale ou la redéfinition des cadres dans lesquels se produit le lien social (étatiques, supranationaux et de la société civile), on voit que le CR se veut une opportunité de valoriser et de confronter le savoir théorique et le savoir pratique. Il cherche à associer des expériences de travail conduites à partir d’une logique académique et scientifique à celles mues par des préoccupations liées à l’intervention de terrain ou d’ordre politique. 

    Responsables :

    Vivianne Châtel (Université de Fribourg) 

    Objectifs concrets :

    Participation au Congrès (quadriennal) de l’Association internationale des sociologues de langue française.

    Réalisation d’une réflexion continue sur le thème du Comité de recherche par des rencontres régulières des membres du Comité.

    Organisation de manifestations (colloques, séminaires, réunions de travail) sur la thématique.

    Publications intermédiaires.

  • Agir ensemble ? Un « commun » en discussion

    Les Assises 2018, en se penchant vers cette question du "commun", se veulent ainsi remettre au centre des débats, ce qui fait l'action politique. Vise-t-elle le développement d'une société harmonieuse, juste, respectueuse du pouvoir-vivre-ensemble, soucieuse du bien de tous et de toutes dans un environnement sain ? Ou au contraire, vise-t-elle le développement d'une société soucieuse de place dans un monde de compétition et de concurrence… ? Et qui est responsable de cette définition ? Chaque membre de la société fribourgeoise ? Les élu-e-s ? Les expert-e-s ? Y a-t-il des "communs" plus communs que d'autres ? Que faire avec l'air que nous respirons (un vrai "commun" ?), interpellant sur les mesures à prendre pour la préservation de sa qualité, avec l'eau (un bien qui n'est plus vraiment "commun" parce que faisant de plus en plus objet d'accaparement), avec le sol, avec la sécurité (un "commun" contraint ?), avec la culture (un "commun" à (re-)définir, à l'heure d'une pluralisation des appartenances culturelles), avec la solidarité (lestée par le discrédit d'assistanat), etc. ? Et comment penser les pratiques qui se veulent appartenir à une re-définition du "bien commun" comme l'économie collaborative, la consommation de proximité, les jardins collectifs, les déjà anciens réseaux d'échanges de savoir, etc. ? Sont-elles le reflet d'une véritable volonté de construire une société dans laquelle les mots "éthique" et "responsable" prennent vraiment leur sens commun ? Ou ne sont-elles que des pratiques conjoncturelles, dans laquelle la dimension de partage attend d'être purement et simplement métamorphosée en profit ?

    Le champ d'analyse est certes vaste, mais il permettrait d'interroger la résurgence d'un mot (ou d'une idée) et surtout ses possibles mises en pratique à l'échelle du Canton, que ce soit au niveau des services, des directions, des communes, ou simplement des membres de la société. Une enquête par entretien sera menée, auprès d’acteurs politiques, économiques, culturels et sociaux du Canton de Fribourg, en 2016-2017 pour alimenter ces réflexions. 

    Responsables :

    Vivianne Châtel (Université de Fribourg) 

    Mandat :

    Service de l’action sociale du Canton de Fribourg

    Objectifs concrets :

    Présentation publique lors des Assises du social en avril 2018, les Assises ayant pour but d’initier un débat dans le Canton sur une thématique transversale à l’ensemble des Directions.

    Publication dans un fascicule regroupant l’ensemble des communications de cette journée.

    Première étape d’une recherche sur les mises en pratiques de l’idée du « commun » dans les sociétés contemporaines, et de ses enjeux en termes d’éthique, de responsabilité et de « développement durable ».