Editorial

De nos monts, quand le soleil annonce un brillant réveil, avouons que nous observons les Enfants de la Patrie avec bien peu d’indulgence. Entretenir de bonnes relations de voisinage n’est pas simple. La relation peut varier du barbecue-pétanque au procès autour de la haie mitoyenne. Mais entre la France et la Suisse, c’est bien plus que cela.

 

Les Français sont ces voisins qu’on aime détester. C’est que nous partageons beaucoup avec eux. Saviez-vous que la communauté française de Suisse est la plus importante au monde, avec 150’000 résidents? Dans l’autre sens, près de 180’000 Suisses vivent en France, ce qui représente plus d’un quart de nos expatriés. Inextricablement liés donc. Les Français, traversant la frontière, aiment travailler chez nous, réveillant nos plus jolis instincts et provoquant, au passage, la colère du MCG. Tandis que nos retraités se plaisent à profiter de la campagne française et de sa côte méditerranéenne. Avec la Suisse romande, la France partage la culture et la langue; avec l’Helvétie tout entière une Histoire, des échanges économiques, des questions sécuritaires et énergétiques, ainsi que des partenariats académiques. Dans le domaine de la recherche, la France est, en effet, l’un de nos plus grands partenaires. Pensons simplement à des programmes comme le CERN ou le Humain Brain Project. La relation est-elle équitable? A voir… Nous connaissons tous la virulente Marseillaise; mais qui d’entre nous connaît plus de deux vers de notre propre hymne national?

 

Ainsi, «l’intensité de nos relations est une évidence», saluait Emmanuel Macron, lors de sa rencontre avec Doris Leuthard à l’Elysée en juillet dernier; tous deux se réjouissant du «nouveau dynamisme de nos relations». Et dans nos jardins respectifs, tandis que chante le coq et broute la vache en regardant passer la caravane du Tour de France (qui illustre les pages de notre dossier et fit une halte mémorable à Fribourg en 1997), sautons par dessus la haie afin de perpétuer la tradition française de l’apéro autour d’un bon verre de Champagne et d’une assiette de Gruyère… AOP, s’il-vous-plaît!

 

Bonne lecture et bon tour de France.